Une cour d'école en Afrique

Transferts d’apprentissages et mise en regard des langues et des savoirs à l'école bilingue : du point de vue des élèves aux activités de classe (projet pluriannuel financé par l'AUF et l'OIF, 2011-2014)


Documents Données (échantillons) Partie privée (données complètes) Journées d’étude du projet et ses Actes (2014) Thèses issues du projet Transferts

Nouveautés sur le site

Janvier 2016 : Les thèses soutenues grace au projet sont disponibles ici et sont accompagnées du matériel vidéo rassemblé pour ces travaux.
Avril 2015 : La version intégrale des Actes (Transferts d'apprentissage, décembre 2014) est maintenant téléchargeable, à la page Documents, rubrique e) Analyses et résultats.
Avril 2015 : vidéos en ligne de la conférence de C. Noyau au colloque de Montpellier de mars 2015 "L’enseignement et l’apprentissage des langues dans les approches bi-multilingues", sur les transferts d'apprentissage : lien page Documents, rubrique f) Actualités.
Juillet 2015 : Le mémoire de DEA d’Alzouma Younssa Nouhou, « Le fonctionnement des énoncés performatifs en zarma », soutenu à Ouagadougou, est disponible à la page « Documents », rubrique h) Ecrits des membres du projet.
Juillet 2015: Nouveaux écrits de Zakaria Nounta dans la page Documents, présentation ColDoc 2013 + résumé + diaporama, "Le métalangage : quelle place dans le discours procédural en classe bilingue songhay - français".

Présentation du projet

Objectifs

Une conception de l'école faisant sa place au plurilinguisme de fait des sociétés subsahariennes s'est diffusée avec l'appui de la Francophonie (OIF) depuis les années 2000, dans la plupart des pays au sud du Sahara. Les pays qui s'y sont engagés réservent en général une place dite ‘expérimentale’ à ces écoles bilingues, coexistant avec les écoles 'classiques' tout-français, et qui dans certains pays avaient déjà été expérimentées dès les années 70 (Burkina, Mali, Niger). Ce sont ces pays, les plus expérimentés dans l’enseignement bilingue au primaire, qui sont rassemblés dans le présent projet, en vue de contribuer à créer les conditions pour une généralisation progressive des démarches pédagogiques efficaces tenant compte du plurilinguisme.

Deux angles de vue complémentaires sont adoptés :
• celui des apprenants, le plus central, à travers l'analyse critique des interactions en classe et des apprentissages permis ou freinés par les façons d'enseigner ;
• celui des maitres, complémentaire du premier et tourné vers l'action, à travers l'analyse de leur agir professionnel relatif aux langues et de ses conséquences sur les apprentissages.
On vise à identifier des moyens de renforcer chez les maîtres :
- la conscience du plurilinguisme et de la gestion des langues par les individus plurilingues,
- la capacité à mener une réflexion métalinguistique sur les langues en présence au bénéfice de l'enseignement explicite de ces langues et de la littéracie dans ces langues,
- la capacité à reformuler les connaissances du monde qui font l'objet d’enseignement, dans la même langue (reformulations endolingues) et entre langues (reformulations interlingues), de façon à assurer la construction de connaissances au niveau conceptuel par les enfants, et non plus au plan purement verbal (mémorisation de la formulation unique au programme).
Tout cela doit ensuite pouvoir se décliner en contenus et supports des programmes de formation pédagogique initiale et continue des maîtres, et appuyer les actions en cours menées par l’OIF pour l’amélioration de l’enseignement de base en Afrique (voir les sites Enseignement du français en contexte multilingue et Ecole et langues nationales en Afrique.

Structure du projet

Equipes de chercheurs :

• France :
Colette NOYAU, Professeur émérite en Sciences du langage, porteur du projet, UMR 7114 CNRS MoDyCo, Univ. Paris Ouest Nanterre La Défense, porteur du projet
Christophe PARISSE, chercheur INSERM / CNRS, habilité à diriger des recherches, UMR 7114 CNRS MoDyCo, Univ. Paris Ouest Nanterre La Défense, responsable du projet pour l'Université Paris Ouest (depuis 2013)

• Burkina Faso
Alou KEITA, Maître de conférences Université de Ouagadougou
Issa DIALLO, chercheur titulaire CNRST, Ouagadougou

• Mali
Ndo CISSÉ, enseignant-chercheur titulaire, Univ. des Lettres et des Sciences Humaines de Bamako
Ibrahima Albarka TRAORÉ, enseignant-chercheur titulaire, habilité à diriger des recherches, Univ. des Lettres et des Sciences Humaines de Bamako
Abdulkadri IDRISSA ARBOUNA, enseignant-chercheur titulaire, habilité à diriger des recherches, Univ. des Lettres et des Sciences Humaines de Bamako

• Niger
Hamidou SEYDOU HANAFIOU, chercheur titulaire, Univ. Abdou Moumouni de Niamey
Mamane MALLAM GARBA, enseignant-chercheur titulaire, Univ. Abdou Moumouni de Niamey

A ces chercheurs confirmés s’ajoutent dans chaque pays des étudiants-chercheurs en Master et/ou des doctorants

Fondements théoriques

La scolarisation des enfants en contexte multilingue fait face à un multiple défi : l'enfant doit continuer à développer la langue de sa socialisation initiale tout en construisant un nouveau système linguistique qui relaiera - puis se substituera à - sa L1 pour la construction des connaissances scolaires ; à travers ces langues, il doit entrer dans l'écrit et dans la littéracie ; il doit aussi être conduit à devenir un sujet plurilingue capable de gérer son plurilinguisme dans la vie sociale et professionnelle.
Si l'on part du fait que la scolarisation exclusivement effectuée dans une langue étrangère produit des blocages cognitifs et des retards (cf. les résultats du projet AUF/Campus/ACI Cognitique « Appropriation du français et construction de connaissances via la scolarisation en situation diglossique » 2001-2005 conduit par C. Noyau), il faut outiller les maîtres pour que leurs élèves deviennent des apprenants dont l'éducation en L1 et en L2 constitue un tout cohérent, garant de l'épanouissement cognitif d'individus francophones maîtrisant pleinement leur plurilinguisme.
Les appuis principaux pour cette orientation de l'éducation au plurilinguisme relèvent de la linguistique de l'acquisition, de l'approche interactionnelle des échanges à visée didactique, de la psychologie cognitive des apprentissages et du développement linguistique, de la typologie linguistique.

Quelques références bibliographiques
Bange P. (1992) : A propos de la communication et de l’apprentissage en L2, notamment dans ses formes institutionnelles, Acquisition et Interaction en  Langue Étrangère (AILE) 1, pp. 53-85. (revue partiellement en ligne : http://aile.revues.org/ )
Bange P. & S. Kern (1998) : La régulation du discours en L1 et en L2. Cahiers d'Acquisition du Langage et de Pathologie chez l'enfant (CALAP) 16/17 (107-141). (revue partiellement en ligne : http://www.modyco.fr/ rubrique : revue CALAP)
Garcia Debanc C. & S. Volteau (2007) : Formes linguistiques et fonctions des reformulations dans les interactions scolaires, Recherches linguistiques 29, ‘Usages et analyses de la reformulation’, Université de Metz, pp.  309-340.
Noyau C. (2006) : Linguistique acquisitionnelle et intervention sur les apprentissages : appropriation de la langue seconde et évaluation des connaissances à l’école de base en situation diglossique. Bulletin VALS/ASLA 83/1 ‘Les enjeux sociaux de la linguistique appliquée’, Neuchâtel (Suisse), 93-106. http://colette.noyau.free.fr
Noyau C. (2009) : Modalités d’optimisation du passage de L1 à L2 dans l’enseignement primaire en contexte multilingue.  Mali, Mauritanie, Seychelles.  Paris : OIF / Eds. Le Web Pédagogique, 305 p.
Parisse, C. (2002). Oral language, written language and language awareness. Journal of Child Language, 29, 478-481.
Parisse, C. et Le Normand, M..T. (2006). Une méthode pour évaluer la production du langage spontané chez l’enfant de 2 à 4 ans, Glossa, 97, 10-30.
Picoche J. (2007) : La reformulation, base de l’enseignement du vocabulaire. Recherches linguistiques (Univ. de Metz) 29, ‘Usages et analyses de la reformulation’, Mohamed Kara (dir.), pp. 293-308.

Méthode de production des données

Le terrain d’observation est une sélection d’écoles pratiquant un curriculum bilingue au primaire, de la première année (CP1 ou CI) à la fin du primaire, dans les pays suivants : Burkina Faso, Mali, Niger, en choisissant des L1 parmi les langues transfrontalières ou numériquement importantes. On s’intéresse à 3 paliers de scolarisation : 2e année (introduction du français) ; 4e année ; 6e année (fin du cycle primaire) pour le Burkina et le Mali, 1e année (introduction du français), 2e, 3e et 5e année pour le Niger (légère variation qui s'explique par les différences spécifiques dans les programmes et le moment d'introduction du français selon les pays).

On a retenu 2 langues par pays, parmi les langues prises en compte dans le projet OIF des bigrammaires : a) langues transfrontalières : bamanankan (bambara-jula), fulfulde, songhay-zarma, permettant des comparaisons inter-pays, b) une langue particulièrement pertinente pour un pays : le hausa au Niger. Voir la présentation du projet "Enseignement du français en contexte multilingue" par Amidou Maiga ICI.

Corpus à rassembler :
- enregistrements audio-visuels de séquences de classe de et en L1, de et en français L2 à différents paliers du primaire, et à des moments successifs pour les mêmes classes et des activités similaires (2 visites par an ; suivi sur la 2e année des mêmes classes) ;
- enregistrements sonores de discussions de groupe avec les maîtres des classes et écoles observées et des encadreurs pédagogiques ;
- productions orales et écrites des élèves ;
- documents pédagogiques et fiches de préparation des leçons observées.

La mise en forme des données en vue d'exploitations comparatives, et la constitution d'une base de données numériques mutualisée propre au projet (enregistrements et transcriptions), s’effectuent avec le soutien du laboratoire MoDyCo (action Corpus), qui assure la formation technique des chercheurs impliqués.

Méthodes d'analyse des données

• Analyse linguistique du travail sur la langue et les langues dans diverses séquences de classe, de langage et d’autres matières ou domaines, en tenant compte de la dimension interactionnelle ;
• Evaluation qualitative de ce qui est acquis par les élèves en L1 et en français dans des domaines clé (représentation des événements -> verbes ; représentation des entités (SN et détermination) ; cohésion et complexité syntaxique (subordination, connecteurs), pour effectuer leurs apprentissages dans ces langues, toutes les langues sélectionnées ayant fait l’objet de descriptions comparatives avec le français en vue des bi-grammaires d’apprentissage (OIF).
• Etude ciblée sur les activités métalinguistiques en L1 et en L2 : réflexions sur la langue, description de règles ou de faits linguistiques, appel à l’observation et à la réflexion inductive chez les élèves, comparaisons L1-L2 occasionnelles ou systématisées. Tout cela évolue au fil des années de scolarisation et de la maturation cognitive des enfants : comment s'y prennent les maîtres, eux-mêmes souvent dotés d'une culture métalinguistique très limitée en L1 et aussi en français.
• Etude ciblée sur le rôle des reformulations dans les activités de classe et la capacité de reformulation (auto- et hétéro-) endolingue et interlingue chez les élèves d’une part, et de l’autre chez les maîtres.

On mène des comparaisons systématiques :
- entre paliers de scolarisation pour l’appropriation de la L1 et du français ;
- entre L1 et français L2 comme objets d'enseignement ;
- entre les différentes L1 retenues comme médium d’enseignement ;
- entre enseignements effectués en L1 et en L2 pour les mêmes domaines (langue, mathématiques, sciences) ;
- entre les approches pédagogiques et les conduites de classe pour un même palier ou domaine d’enseignement dans les différents contextes scolaires nationaux, compte tenu des programmes et conditions qui varient de pays à pays.

Des regroupements annuels ont eu lieu pour la coordination scientifique et la formation à des aspects spécifiques du travail, et pour les échanges sur les analyses des données. La première session plénière, qui a marqué le démarrage du projet en septembre 2011, la deuxième session, axée sur les données recueillies en décembre 2012, ainsi que la troisième session, en novembre 2013, ont eu lieu à Ouagadougou. Cette dernière incluait des journées scientifiques internationales ouvertes au public. Enfin la quatrième session, fin 2014, à Bamako, accompagnée d’une restitution aux institutions et aux milieux universitaires et pédagogiques, a vu la présentation des Actes issus des Journées de 2013, constituant un numéro spécial de la revue ‘Recherches Africaines’ de l’Université des Lettres et Sciences Humaines de Bamako. Cet ouvrage est téléchargeable dans son intégralité à la page Documents du site, rubrique e) Analyses et résultats.
Dernière mise à jour le 30 janvier 2016.

Webmaster: Christophe Parisse - Contacts: Colette Noyau (colette.noyau@free.fr) et Christophe Parisse (cparisse@u-paris10.fr)